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En septembre 2022, quelques anarchistes de la région d’Europe centrale ont lancé l’Initiative Antimilitariste [ AMI ]. Ce qui suit est un résumé de ce qui s’est passé au cours de l’année écoulée et de la direction dans laquelle l’initiative s’est développée.
Tout a commencé avec la publication du texte « Antimilitarisme anarchiste et mythes sur la guerre en Ukraine ». Ce texte est une tentative de réflexion critique sur les tendances militaristes actuelles du mouvement anarchiste. En même temps, il présente les perspectives antimilitaristes comme un moyen d’aborder la guerre non seulement en théorie, mais aussi de la saboter en pratique. Le texte, écrit à l’origine en tchèque, a suscité un écho international inattendu. Il a été publié successivement en anglais, en allemand, en français, en italien, en espagnol et en grec. Parallèlement, de nombreuses réactions ont montré que le texte fait l’objet de débats dans différentes parties du monde.
Peu après la parution de cette publication, une action directe symbolique a eu lieu lorsque l’ambassade d’Ukraine à Prague a été aspergée de peinture rouge. « Il est compréhensible que Poutine et ses partisans soient critiqués pour les crimes qu’ils commettent contre la population de la région ukrainienne. Cependant, il ne faut pas oublier la complicité de Zelensky et du gouvernement ukrainien dans ces massacres. À l’heure où l’armée de Poutine bombarde les villes ukrainiennes, le gouvernement de Zelensky interdit aux hommes de traverser la frontière pour se mettre en sécurité. Il les maintient dans des territoires bombardés sous la menace de sanctions et oblige certains d’entre eux à risquer leur vie sur le front contre leur gré. Il faut que ce soit clair : Zelensky est autant une merde que Poutine ! Les deux ont le sang des civils sur leurs mains. »
Le contexte de cet événement montre clairement qu’il est devenu une sorte de rupture qui perturbe la construction de la vision stéréotypée selon laquelle la guerre en Ukraine devrait être une sorte d’histoire bipolaire, où d’une part il n’y a que l’agresseur et d’autre part seulement les victimes qui résistent à l’agresseur extérieur. Cette conception libérale-démocratique est progressivement devenue le cœur de la propagande de guerre, qui vise à gagner davantage de partisans et de ressources pour la politique de guerre de l’État ukrainien. Celle-ci est souvent présentée comme une résistance populaire ou un conflit entre la démocratie et la dictature. Cette présentation vise à dissimuler le fait qu’il s’agit d’un conflit inter-impérialiste dans lequel tous les États impliqués utilisent les prolétaires comme de la chair à canon dans des batailles visant à atteindre leurs propres objectifs bourgeois.
L’Initiative antimilitariste s’est peu à peu attelée à la tâche d’exposer ce problème en publiant des commentaires et des analyses multilingues. Ceux-ci défendent des positions internationalistes, l’antimilitarisme et le défaitisme révolutionnaire comme la seule façon possible pour le prolétariat de s’opposer efficacement à la guerre et de défendre ses intérêts de classe. Les publications régulières de l’AMI contribuent à la tendance internationaliste à essayer de transformer la guerre entre États en une lutte de classe contre les États et toutes les factions bourgeoises.
L’AMI n’a jamais été un groupe ou une organisation formelle, mais plutôt un réseau informel. L’activité de publication peut être considérée comme la première phase au cours de laquelle ce réseau s’est enrichi de nouveaux contacts. Dans le contexte tchèque, par exemple, d’autres groupes et projets autonomes ont partagé les documents de l’AMI. Nous pouvons citer, par exemple, l’Association historique Zádruha, la Fédération anarchiste d’Ostrava, le groupe Třídní válka (Guerre de classe), ou le groupe Facebook Antimilitarista.
Le réseau a rapidement dépassé la région de la soi-disant République tchèque. De fil en aiguille, des contacts ont été établis avec d’autres projets anarchistes et communistes dans différentes parties du monde. Ces contacts permettent d’échanger des informations, de partager des ressources et de coordonner les activités anti-guerres. Les liens les plus forts sont établis avec des projets internationalistes dans les régions de l’Ukraine, de la Russie, de la Slovaquie, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Hongrie, de la Serbie, de la Slovénie, de l’Autriche, de la France et de la Grande-Bretagne. Cependant, certains liens sont également établis avec des personnes d’Australie, d’Indonésie, d’Espagne, d’Argentine et de Grèce. Grâce à tous ces contacts, le blog de l’AMI devient peu à peu une plateforme médiatique multilingue, avec un nombre de visites allant de quelques centaines à plusieurs milliers de personnes par mois. Certains des projets militants proches traduisent ensuite le matériel de l’AMI dans leur propre langue. En voici quelques exemples : « Appel : Journée de solidarité internationale avec les déserteurs »qui a été traduit en onze langues, ou l’affiche antimilitariste, dont la version originale en tchèque a été traduite en treize autres langues. En outre, plusieurs publications plus complètes ont été publiées.
– Une collection d’articles sur : L’anarchisme et la guerre
– Contre toutes les guerres… sauf les guerres « justes » ? Des ravages du moindre mal et de l’anti-impérialisme en milieu anarchiste [texte originellement publié en français]
– Brochure : Contre les guerres capitalistes, contre la paix capitaliste
– Le mouvement révolutionnaire et la Seconde Guerre mondiale : entretien avec Marc Chirik, 1985
Toutes les publications de l’AMI peuvent être téléchargée au format PDF sur le blog. Elles ont également été proposées en version imprimée lors de salons du livre à Prague, Graz, Ljubljana, Vienne et Zagreb. Des centaines de publications ont été distribuées et les réactions ultérieures ont confirmé que les positions défendues par l’AMI sont partagées par de nombreux projets internationalistes dans différentes parties du monde. Bien que nos opposants aiment à présenter l’AMI comme un projet sectaire de quelques individus, le réseau antimilitariste s’est en réalité élargi à différents pays, groupes et organisations.
La première année de l’AMI a été principalement consacrée aux activités de publication et de mise en réseau, bien qu’un soutien financier ait également été apporté au groupe anarchiste Assembly à Kharkov, en Ukraine. Aujourd’hui, l’AMI passe peu à peu à la phase suivante. Dans cette phase, l’accent est mis sur les activités antimilitaristes pratiques telles que le soutien aux désertions ou les actions directes de subversion de l’effort de guerre, mais aussi sur la solidarité matérielle avec les personnes touchées par la guerre.
Pour des raisons de sécurité, cette activité ne peut être précisée ici, afin que personne ne soit soumis à la répression ou à l’élimination physique. La gauche bourgeoise peut se vanter de l’argent qu’elle envoie au front ou des projets caritatifs qu’elle a soutenus, mais il est clair que c’est précisément parce que ses politiques libérales se concentrent sur le même type d’activités légalistes que celles des États qui profitent de la situation de guerre. Personne ne les poursuivra pour cela. En revanche, une activité antimilitariste cohérente, en raison de sa nature subversive, est criminalisée, réprimée et stigmatisée, et doit donc appliquer une certaine culture de la sécurité. Il ne faut donc pas s’attendre à une liste transparente de toutes les activités de l’AMI.
Il ne s’agit pas de compter les mérites ou de décerner des prix, mais d’organiser efficacement les luttes prolétariennes en fonction d’objectifs définis. Et parce que les luttes de classe sont souvent menées en dehors des règles établies par l’État, elles peuvent être moins évidentes à première vue. Mais cela n’enlève rien à leur existence et à leur importance.
ANTIMILITARISTICKÁ INICIATIVA [ AMI ] – OCTOBRE 2023
// ANTI-MILITARIST INITIATIVE // ANTIMILITARISTISCHE INITIATIVE // INIZIATIVA ANTI-MILITARISTA // INITIATIVE ANTI-MILITARISTE //
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Traduction française : Třídní válka / Guerre de Classe