Ni pacifisme, ni bellicisme, guerre ? la guerre !

“ La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ” (à savoir : par la violence). Cette sentence célèbre appartient à Clausewitz, l’un des auteurs les plus pénétrants en matière militaire.
Nous considérons cette thèse comme la base théorique de l’interprétation de chaque guerre donnée, notamment la guerre en Ukraine qui dure depuis 2014.

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Quelle situation politique ?

La situation actuelle est caractérisée par :

  • Un capitalisme qui pensait être sauvée de sa crise endémique de surproduction par une financiarisation mondialisée à partir des années 1970. A partir des années 1974, le « capitalisme productif » a marqué le pas notamment à cause des luttes d’indépendance des colonies des puissances impérialistes et de la baisse tendancielle du taux de profits ( Mai 1968, etc..)
  • La financiarisation capitaliste a réduit les « états-nation » à une gouvernance formelle en mondialisant les échanges et en mondialisant le capital financier.
  • Parallèlement, l’effondrement d’un empire, l’URSS, a entrainé à la fois un morcellement des états et une intégration dans un monde unipolaire dominé par la finance et la corruption internationales.
    L’oligarchie Russe et Ukrainienne se sont intégrées à la financiarisation capitaliste (de l’achat des clubs de foot, à la spéculation immobilière dans le monde jusqu’à peser sur la capitalisation boursière « La City »..)
  • La Chine qui tirait la croissance mondiale depuis plus de 20 ans est en crise économique capitaliste traditionnelle de surproduction au moins depuis 2018. La Chine ne tire et ne tirera plus la croissance de l’économie mondiale (pénurie de biens, etc..)
  • Avant ou après la parenthèse du Covid, la récession était en marche : Allemagne, Japon, Russie, etc… Il faut rappeler que depuis 2008, L’Ukraine est en récession et gangrénée par une corruption omni-présente.

Grippage de la financiarisation et guerre

La tendance lourde constatée depuis les années 1990 est donc le grippage de l’économie entrainant un émiettement sans fin des états nation et un repli sur le plus petit dénominateur commun : le chauvinisme et le nationalisme. La guerre en Ukraine fait suite au démantèlement de la fédération yougoslave (conflit non réglé à ce jour), à l’explosion de l’Irak, à l’émiettement de la Syrie et de la Libye, au « Brexit » anglais, à la guerre en Géorgie, etc… Ces guerres ne font qu’une seule victime : les peuples.

Aujourd’hui la financiarisation capitaliste a atteint un palier indépassable. Pour trouver un second souffle, elle n’a plus d’autre solution que de modifier par la guerre le partage du gâteau au sein des 1% qui dominent la planète. Il faut d’ailleurs noter que les dépenses d’armements augmentent depuis plusieurs années partout dans le monde (2000 milliards par an).

Le capitalisme se sent désormais à l’étroit dans cette financiarisation mondialisée. L’attrition actuelle de la financiarisation capitaliste et les mesures de rétorsion prises depuis 2014 limitent l’accumulation du capital financier pour l’oligarchie russe et Ukrainienne. C’est la raison de la guerre en Ukraine.

Un même monde…

L’oligarchie russe participe sans problème et avec gourmandise à la financiarisation mondiale et à la corruption particulièrement au moyen des paradis fiscaux et du shadows Banking. Il faut constater d’ailleurs que les oligarques poursuivis pour corruption sont autant ukrainiens que russes, chinois, français ou américains (voir les panama papers, etc..)

C’est ainsi que Hunter Biden, fils de joe Biden, à la tête d’un fond d’investissement, rejoint, en juin 2014, le directoire d’une des plus importantes compagnies pétrolières et gazières ukrainienne, Burisma, dont le dirigeant, l’oligarque Mykola Zlochevsky (ex-ministre de l’Écologie) est poursuivi par la justice britannique pour blanchiment d’argent à travers Burisma !!

C’est ainsi que François Fillon a rejoint en décembre 2021 le conseil d’administration de Sibur. Le groupe est contrôlé entre autres par Leonid Mikhelson, l’un des hommes les plus riches de Russie, et Guennadi Timtchenko, un proche du président Poutine déjà visé par de récentes sanctions du Royaume-Uni. Depuis janvier 2009, Gerhard Schröder (Chancelier de l’Allemagne de 1998 à 2005) est aujourd’hui membre du directoire du groupe pétrolier russo-britannique TNK-BP, fonction pour laquelle il touche une rémunération de 200 000 euros par an (après avoir été engagé par Gazprom en 2005 pour présider le conseil de surveillance de North-European Gas pipeline consortium germano -russe chargé de la construction et de l’exploitation du gazoduc.

On pourrait multiplier les exemples pour démontrer que nous vivons dans un monde unique dominée par la financiarisation qui se joue des cartes d’identité et des frontières.

La guerre de Poutine est donc une guerre intra-financiarisation capitaliste dans laquelle les peuples n’ont rien à faire, rien à gagner et tout à perdre.

S’il ne fait aucun doute que Poutine est un autocrate, il ne fait aucun doute aussi qu’il n’est rien sans les oligarques milliardaires qui l’entourent et sans la mondialisation de l’économie.

Dans ce contexte, les failles diplomatiques ou les accords bancals servent de justifications aux menées guerrières. Les accords de Minsk (1991) qui indiquaient qu’en contre partie de la dissolution du pacte de Varsovie, il n’y aurait pas d’extension de l’OTAN n’ont à l’évidence pas été respectés. Mais, même si ce sont des faits réels, il ne faudrait pas en conclure que l’agression russe serait justifiée. Car le droit international n’est fait que d’accords plus ou moins bancals (le traité de Francfort 1871 qui cédait l’Alsace Lorraine à La Prusse a servi de justification à la boucherie de 14-18).

C’est pourquoi la position du syndicat SUD est celle que pouvaient avoir certains syndicalistes vis-à-vis de la boucherie de 1914/1918.

La mystification du peuple la plus largement pratiquée par cette oligarchie mondiale dans cette guerre est le camouflage de ses buts de brigandage derrière l’idée de la “ libération nationale ”. Nous considérons que la guerre actuelle continue la politique des “ grandes ” puissances financières et des classes fondamentales qui les constituent. C’est pourquoi, l’opinion selon laquelle il serait possible, dans la guerre actuelle, de justifier l’idée de la “ défense de la patrie ” est manifestement antihistorique et mensonger. L’époque de la financiarisation mondialisée est celle de l’oppression croissante des peuples dans le monde entier par une poignée de “ grandes structures »…

C’est pourquoi, il ne peut être question pour les peuples russes et Ukrainien d’être la chair à canon de leurs oppresseurs. Nous sommes pour :

  • Dénoncer bien entendu cette guerre.
  • Mais aussi faire de cette guerre un levier pour mobiliser les peuples contre la
    financiarisation mondialisée, contre les 1% qui dominent la planète
  • Soutenir toutes les manifestations en Russie qui dénoncent les fauteurs de guerre comme leurs ennemis et qui fraternisent avec les Ukrainiens.
  • Soutenir toutes les manifestations en Ukraine qui dénoncent les fauteurs de guerre comme leurs ennemis et qui fraternisent avec les Russes..
SUD-PTT d’Ille et Vilaine
Rennes le 2 mars 2022