Nous réfutons les mensonges répandus sur l’AMI

Nous sommes régulièrement accusés de ne pas soutenir l’autodéfense des populations dans le cadre de la guerre en Ukraine. Nous rappelons donc quelques faits en réponse à ces mensonges.

1) Toutes les guerres entre États sont des guerres de la bourgeoisie contre le prolétariat. Nous soutenons l’autodéfense de l’ensemble des prolétaires, indépendamment du fait que ceux-ci vivent en Ukraine, en Russie, à Gaza, en Israël ou n’importe où dans le monde au moment des faits. Par autodéfense, nous entendons la défense de l’autonomie de classe, c’est-à-dire la lutte (y compris la lutte armée) contre toutes les fractions de la bourgeoisie, contre tous les États, contre toutes les armées d’État dont la fonction première est de défendre l’État, et non de défendre la population qu’ils gouvernent. Comme l’anarchiste Sasha Kaluzha, qui est actif en Ukraine, le note à juste titre dans son article :

« Le but de l’État ukrainien et de ses structures militaires dans cette guerre est de conserver son pouvoir, le but de l’État russe et de ses structures militaires est d’accroitre son pouvoir. La participation d’anarchistes dans les structures de l’un ou l’autre de ces États ne facilite pas la situation des Ukrainiens qui souffrent de la guerre entre deux États. Tous les mots sur l’armée défendant les gens, la société et leur terre ne sont qu’une partie de la propagande d’État, et l’histoire le montre. Il n’est possible d’arrêter la guerre qu’en opposant les deux États. »

2) Nous n’interprétons pas la guerre en Ukraine en termes vagues et trompeurs du « bien contre le mal » ou comme un récit binaire de « l’agresseur (la Russie) contre la victime qui se défend (l’Ukraine) ». La réalité est beaucoup plus compliquée que ces « analyses » en noir et blanc qui, en outre, manquent d’une perspective de classe et flirtent plutôt avec une perspective nationaliste et démocratique bourgeoise.

Le prolétariat en Ukraine n’est pas seulement soumis à l’agression de l’impérialisme russe, mais aussi à celle de l’État ukrainien, de la bourgeoisie locale, de la police, de l’armée, de la bureaucratie, des nationalistes, des politiciens… Par conséquent, la définition superficielle de l’agresseur uniquement du côté de la Russie peut être interprétée comme un plaidoyer conscient ou inconscient en faveur de l’agresseur qui décime le prolétariat en Ukraine sous le prétexte de la « résistance populaire » ou de la « défense du droit à l’autodétermination nationale ». Si nous définissons clairement l’armée de Poutine comme l’agresseur, nous ne pouvons pas omettre l’agression de l’armée ukrainienne, qui enlève des hommes en pleine rue et les force à aller au front, en massacrant les déserteurs qui veulent fuir pour se mettre à l’abri. Nous ne pouvons pas non plus oublier l’agression des capitalistes ukrainiens, qui profitent de la situation de guerre pour exploiter encore davantage les travailleurs, ni l’agression de l’État ukrainien, qui traite les hommes possédant un passeport ukrainien comme une propriété qu’il peut arbitrairement déployer à des fins de guerre contre leur volonté. En bref, la population en Ukraine ne meurt pas seulement à cause des bombardements de l’armée de Poutine, mais aussi à cause des actions de l’État ukrainien, qui leur refuse l’une des formes les plus élémentaires d’autodéfense, comme se réfugier en sécurité en dehors de l’Ukraine ou d’une zone de guerre. Nous soutenons l’autodéfense contre les agresseurs de Poutine, ce qui ne signifie pas en même temps défendre et aider les agresseurs du régime de Zelensky.

3) Nos amis d’Ukraine nous demandent depuis longtemps de nous organiser pour ouvrir les frontières ukrainiennes aux hommes qui veulent éviter la mobilisation ou déserter, parce que c’est leur autodéfense dans un état de guerre. Dans le même temps, cependant, nous sommes confrontés à la propagande de l’OTAN, de l’UE, de l’impérialisme américain et de la gauche. Cette propagande présente un récit déformé dans lequel l’ensemble de la population ukrainienne soutient volontairement la lutte sur la ligne de front. Cependant, selon nos amis d’Ukraine, l’« impulsion nationaliste » initiale et l’engagement volontaire dans l’armée s’estompent et le mécontentement se répand dans la société, dirigé à la fois contre l’impérialisme russe et contre le gouvernement, l’armée et les autorités ukrainiennes. Certains parlent même du fait que la distinction entre la puissance occupante de la Russie et la puissance de l’Ukraine, qui revendique le droit à son intégrité, s’estompe lentement aux yeux de la population. Masquer ce fait par la propagande est, d’une part, considéré comme une façon de contribuer à l’invisibilité de la masse des prolétaires qui créent les germes des structures de défense collective, et d’autre part, c’est essentiellement une façon de saboter cette autodéfense indépendante. Paradoxalement, ceux qui nous accusent de façon absurde de ne pas soutenir les personnes qui se défendent contre les agressions, compliquent eux-mêmes, par leur propagande et leur activité politique, la situation des personnes qui veulent se défendre.

4) Notre attitude à l’égard de la guerre reflète en partie les idées que nous ont communiquées les habitants des villes ukrainiennes ou ceux qui ont émigré de ces villes. Voici quelques liens vers les sources qui nous ont inspirés. La liste est loin d’être exhaustive.